Le mois de Mai est passé. Et avec lui les problèmes que j’ai pu rencontrer.
Après mon abandon sur la Mini en Mai, je voulais revenir serein et préparé pour me remettre en selle.
Entre les deux courses, j’ai bien préparé mon bateau, je me suis reposé, mais j’ai aussi navigué.
Avec mon ami Pifou nous avons gagné les 110 milles de Concarneau, et j’ai convoyé avec Martin Le Pape, son Figaro vers Bordeaux pour le départ de la Solitaire.
Nous partons donc en flottille de 5 bateaux depuis Concarneau direction Douarnenez.
Je passe le Raz de Sein pour la première fois. De nuit. Sous Code 5 (un spi de brise) à 12nds !
Bon, à l’arrivée, bien que connaissant le port de Tréboul, je me plante royalement et je ne trouve pas la passe…mais il paraît que c’est un classique.
Ça me fait tout drôle de me voir ce soir, là, moi et mon bateau au port de Tréboul, et au départ d’une course !
Il y a un an je n’y aurais pas crû…
La semaine d’avant course est toujours aussi sympathique. J’aime beaucoup l’ambiance de Douarnenez.
Dernière vérification, petit carénage, contrôle de sécurité et c’est déjà le jour du départ.
Pour la première fois je connais déjà bien la moitié du parcours, les Glénan, Groix, c’est un peu la maison et le jardin d’à côté…
Mais bon, malgré l’envie et la confiance, il y a toujours au moment du départ ce petit pincement de ne pas vraiment savoir où je m’aventure.
Le temps s’annonce mou et sous le soleil.
Dernier plat de spaghetti en terrasse au soleil avec les copains, et nous voilà sur l’eau.
Tracté derrière le Zodiac, je passe l’île Tristan….et je me revois en train de filmer Pifou au départ de la transat il y a quasiment deux ans au même endroit…sauf que cette fois c’est moi à la barre.
En hissant la grand-voile, je me coupe sous l’ongle avec une couture de la voile, ça commence fort.
Départ à l’anglaise vers la première bouée et nous sommes au portant. Je prends pour la première fois un bon départ mais je n’envoie pas le spi comme les autres. Je préfère ne pas perdre d’énergie si jamais je fais une mauvaise manœuvre.
5 minutes plus tard j’ai perdu quelques places et la remontée au près vers la deuxième bouée commence.
Arrivé à la 2ème bouée, je décide d’envoyer le grand spi même si ce bord est assez lofé.
Un bon choix qui me fait m’éloigner de la côte dans ce vent mollissant.
Le vent tombe et refuse, tout le monde affale et c’est parti pour du près jusqu’au ras de sein dans la pétole.
Dans ces conditions mon bateau est super ! Je me retrouve côte à côte à jouer avec les très bons de la classe, c’est la première fois ! Et c’est plutôt sympa !
Je m’éloigne un peu plus de la côte et je m’engage vers le Raz tranquillement. Je serais un des derniers à passer avant une grosse pétole qui va bloquer une quinzaine de bateaux près de la pointe. Un vrai passage à niveau.
Mes potes de Concarneau Tom et Fanch sont avec moi. Tom joue dans les cailloux mais s’en sort un peu mouillé par des vagues qui déferlent.
Il n’y a pas de vent et on se fait porter par un courant de 4nds.
Le Raz est passé, le soleil se couche, le grand spi est en place. Direction le large.
Je suis dans le sillage de Tom, que je rattrape.
On va se suivre jusqu’au Glénan dans une série d’empannages nocturnes.
Le vent monte jusqu’à 25nds et ça glisse pas mal.
Soudain des éclairs dans l’Est….je n’aime pas du tout les orages. Je calme le jeu. Je passe sous Code 5.
Du coup je perds de vue mes camarades. J’ai réussi à faire quelques petites siestes. Je me sens bien.
Le soleil se lève au passage de l’île de Groix. Et quelques dauphins viennent saluer Heol.
Je me retrouve bord à bord avec Matthieu et Carl. Direction le phare des Birvideaux.
On passe le phare de très près et c’est parti pour du près justement !
C’est tranquille, je dors au soleil sur le pont.
Il ne se passe pas grand chose…
On se dirige vers les Glénan, le vent monte, je réduis un peu la toile.
Apparemment le gros de la troupe passe entre Les Moutons et Les Glénan, mais mes deux compagnons d’infortune se dirigent vers le Sud des Glénan, je décide de les suivre pour rester au contact….je n’aurais pas dû.
Le vent monte jusqu’à 30nds. 1 ris. 2 ris. Ris dans le grand solent.
Je me fais rincer en mode Volvo. Je perds beaucoup dans ces manœuvres.
Je suis un peu fatigué. J’arrive à l’Est des Glénan. J’appelle le sémaphore de Penmarch qui me donne la météo. Ça devrait se calmer en début de nuit.
Je vois au loin Concarneau. Il suffirait d’abattre pour glisser dans le vent et moins de 2h je serais à la maison. L’idée me traverse l’esprit… mais elle ne fera que traverser.
Mon pote Edouard me joint à la VHF, il est passé à l’intérieur, il est juste derrière moi. Ça me rassure je décide de garder mes ris pour l’attendre et faire la route avec lui.
On se croise finalement dans la baie d’Audierne la nuit tombée. On fait la route ensemble. On rigole bien à la VHF.
Je remets toute la toile.
La nuit est froide. Longue. Très foide. Très longue. Interminable baie d’Audierne.
J’enchaîne les siestes de 10-15 minutes. Une douzaine peut-être.
L’Occidentale de Sein est la prochaine marque de parcours, pile dans l’axe du vent, et il faut y arriver avant 9h pour bénéficier du courant favorable.
Le soleil se lève et réchauffe un peu le corps et l’esprit.
Le Pogo d’Henri surgit sous mon vent.
Nous voilà à trois vers l’occidentale. Je décroche un peu. Malheureusement pour moi.
Edouard passe la marque in extremis et part sous spi. Henri passe aussi.
Je me retrouve à l’arrêt. Pétole totale. Courant qui me fait reculer.
Le mal de mer se dit que c’est le bon moment pour voir comment je vais.
Une heure plus tard je ne vois plus la cardinale.
Le vent revient. Il a basculé. J’envoie le grand spi. Je ne comprends plus rien, ça n’arrête pas de tourner et impossible d’aller directement vers la bouée.
Je craque un peu. Mais ça passe.
Je fais maintenant la bonne route, j’avance à 6nds en surface et 1,2nds sur le fond. La bouée est à 3 milles. Je vous laisse faire le calcul.
Je déteste ces situations. Je me dis alors que c’est ma dernière course, que je vais revendre mon bateau, que c’est vraiment n’importe quoi…
On s’en sort finalement. Et 6 heures plus tard sous un grand bord de spi dans une grande houle voilà la bouée basse du Lys.
Je n’ai pas mangé de plat depuis hier midi, ce n’est pas bien.
C’est parti pour un empannage, et bim ! Un cocotier ! Et un royal ! Drisse de solent et drisse de spi croisées bien comme il faut.
Je m’en sors après une bataille de 20 minutes.
Je range le grand spi en vrac et j’envoie le medium.
Il ne me reste qu’un grand bord de glissade dans la baie de Douarnenez.
Je n’ai plus vu personne derrière moi depuis les Glénan. Je ne sais pas s’il y a encore du monde en course ou pas.
Je passe la ligne, j’arrive au port de Tréboul.
Et là toutes les mauvaises pensées s’évanouissent. Finir une course c’est sacrément bon !
En plus je suis 21ème, il y a encore une dizaine de bateau derrière !
Je ne suis pas vraiment fatigué, je suis bien.
J’ai entendu quelques voix, mais pas d’hallucinations comme la dernière fois.
La bière pression fraîche avec les copains fait vraiment du bien. On refait la course…
Mon objectif était de rester au contact. Contrat rempli.